Le coup de pied dans la falaise
- Luzana
- 6 juin 2021
- 7 min de lecture
Chèr(e)s Terrien(ne)s,
Je suis pas mal dans l'introspection en ce moment, dans un vrai chemin de purification et j'ai ouvert les yeux sur une source de l'un de mes blocages. J'avais envie de le partager avec toi.
Le chakra de la gorge (qui touche essentiellement la communication juste, vraie, importante et bienveillante. L'expression de soi, de ses émotions réside aussi dans ce chakra) est un chakra un peu défaillant chez moi.
Comme tout le monde, à ma naissance, je suis déjà arrivée avec des poids dont une faiblesse à ce niveau là.
Vestige de mes vies antérieures, des générations passées de ma lignée ( marquées par de nombreux non-dits ) et de l'histoire de mes parents.
Bon ça c'est un fait qui touche chacun d'entre nous, nous arrivons tous avec le poids et les forces de ce qu'il y a eu avant nous.
J'ai toujours eu des soucis dans la communication, disant souvent trop ou pas assez.
Parfois me cachant derrière de faux airs pour fuir mes émotions ou qui j'étais vraiment. Heureusement, j'ai eu la danse et l'écriture tôt dans ma vie, pour libérer ce qui ne sortait pas par les mots au quotidien, pour être pleinement moi-même.
Et puis, comme dans toute vie, il y a des troncs d'arbres qui tombent sur notre chemin.
Parfois on enjambe le tronc d'arbre aisément. Parfois le tronc d'arbre ressemble à une falaise et au lieu d'avancer, on se convainc que l'endroit où nous sommes n'est pas si terrible ...
Me concernant, le deuil a été le tronc d'arbre.
Enfin, je croyais que c'était un tronc d'arbre que j'avais dépassé, non sans peine, mais avec brio! Et là se trouve ma révélation récente, mon deuil s'était transformé en falaise et cette falaise a fini par faire partie du décors, j'ai oublié son existence.
Sauf que là, je me suis cognée le petit orteil dans la falaise ... Et je me suis souvenue de qui j'étais avant la chute de ce tronc d'arbre.
Ce tronc d'arbre, on va le nommer "La troisième vague de deuil".
Le premier être que je me souviens avoir perdu, c'était ma chienne.
Je ne saurais même pas dire mon âge, mais je sais que j'ai été triste et que j'ai vraiment ressenti le manque pour la première fois dans ma vie. Mais je n'ai pas été en colère, seulement triste.
Je n'ai jamais oublié ma belle Irka, ma meilleure amie, mais je n'ai pas créé de blocage face à ça. J'ai gardé une gaité d'enfant. Et comme je croyais déjà en d'autres mondes, je sentais qu'elle n'était plus sous mes yeux, mais qu'elle n'était pas bien loin.
En bref, c'était une première perte que j'ai traversé avec fluidité et amour.
Adolescente, j'ai du dire adieu à bon nombre de proches. Et je crois que c'est à ce moment là que la supercherie à commencé.
J'ai toujours senti le côté lumineux dans la mort et je me suis appuyée totalement sur cette image. J'ai envoyé tout l'amour possible à ces êtres envolés, à mes proches ici bas dans leur perte. J'avais tendance à vouloir inonder leur perte, d'amour, pour leur enlever un peu de douleur.
Ainsi je ne faisais pas face à ma propre souffrance. Mais j'ai quand même évacué ce qui devait être pleuré et nettoyé à un moment. J'ai réussi à me laisser être fragile, à m'autoriser d'avoir mal et surtout de le dire. Pas forcément à autrui, mais au moins à moi-même. Je me suis permise d'avoir besoin de soutient, de ne pas être capable d'enjamber ce tronc d'arbre toute seule.
C'est autour de mes 23 ans que le tronc d'arbre devenu falaise a fait son apparition.
J'ai perdu une figure maternelle précieuse.
Au lieu de laisser être et de laisser sortir toute la violence qui m'a traversée à ce moment là, ce fut instantané, j'ai sèchement coupé le lien du cœur vers le chakra de la gorge.
J'ai également mis un manteau de calme et d'acceptation sur mon cœur, pour faire disparaitre (en apparence) ce qui me parcourait mais qui aurait du faire son chemin.
Comme si j'avais figé tout en moi et que le silence devenait mettre des lieux. C'était le secret d'une émotion tellement enfouie et cachée, qu'elle me semblait ne plus être en moi.
A l'annonce de cette perte, j'ai eu la vision du ras de marée que ça allait être dans ma vie et celle de mes proches. Je me suis alors blindée pour pouvoir être capable de les accompagner, de les bercer d'amour et de lumière le moment venu. Telle une guerrière, j'ai enfilé l'armure pour faire face, en imposant le silence sur mes émotions.
Je n'ai ainsi jamais permis l'eau de mes larmes nettoyer mon cœur, ni même le feu de ma colère le faire ... En imposant toujours le calme et le silence. Je n'ai jamais enlevé l'armure de contrôle, sans même m'en rendre compte évidemment.
A mesure que je gardais l'armure, le tronc d'arbre se transformait en falaise et la falaise finissait par donner l'impression d'avoir toujours été là.
Je sens, depuis quelques années, que j'ai un décalage entre ce qui me parcours et ce que je laisse paraitre. Il y a du mieux mais je sais que ce n'est pas toujours très fluide. Je ressens encore les effets d'avoir couper ce lien entre le cœur et le chakra de la gorge.
Alors je tisse autant que je peux, aujourd'hui, pour reconstruire ce lien qui n'a pas été abimé que par le deuil, ce serait trop simple sinon !
Mais je tisse et quand j'arrive à mettre en lumière une source de blocage interne, c'est toujours une grande victoire!
C'est en repensant à l'enfant que j'étais, que j'ai réalisé.
Avant ma deuxième vague de deuil, à l'adolescence, j'étais d'une franchise à toute épreuve. Quand quelque chose me plaisait je le disait, quand quelque chose ne me plaisait pas je le disais aussi.
J'étais assez spontanée et passionnée. Je dansais, riais fort, chantais dans la rue, aimais sans limite.
Et parfois j'étais en colère, alors je tapais dans un truc ou envoyais valser autre chose, m'enfermant dans mon monde d'écriture, de danse, de musique.
Parfois encore, je pleurais beaucoup, de bonheur, de chagrin, toujours avec pudeur mais je pleurais sans retenir les sanglots.
En bref, ce qui devait sortir, sortait.
A la troisième vague de deuil, je savais ce que j'allais devoir traverser en terme d'émotion. Je savais aussi que cette vague là allait être bien plus forte que les autres.
J'ai tellement voulu me tenir prête et enfiler mon armure, que j'en ai oublié de ressentir, je me le suis empêchée.
C'est donc en repensant à cette ancienne moi que je me suis demandée : "Mais qu'est ce qui s'est passé ?" et j'ai refait le film de ma vie.
J'ai compris une source du problème, je n'avais jamais retiré l'armure de ce jour là.
Ainsi le décalage que je peux ressentir entre ce que je ressens et ce que je dis s'est expliqué, en partie.
C'est fou comme je pensais avoir acquis le lâcher prise corporel et celui de résilience dans la vie, en oubliant complétement le lâcher prise émotionnel et celui des responsabilités.
Alors aujourd'hui j'accepte de ne pas redevenir Luzana ado, j'ai grandi et mûri et j'en suis fière. Mais il faut que je crée un pont avec cette part de moi plus solaire, qui est foncièrement qui je suis. Alors je sais désormais l'importance de vivre mes émotions, les bonnes comme les mauvaises.
Je sais désormais que c'est OK de demander de l'aide quand je faiblis.
C'est aussi OK de pleurer pour tout et rien, ça nettoie.
C'est OK de s'emporter parfois, ça arrive, c'est humain, le tout est de ne pas se perdre dans la fierté et de s'avoir s'excuser et pardonner.
Bref si j'accepte de vivre mes émotions et que je suis capable de les verbaliser, je montre aussi l'exemple à ma Luciole, alors ça vaut le coup pour elle aussi que je sois juste humaine.
J'ai appris la méditation, la pleine conscience, la respiration pour un certain lâcher prise et une tempérance.
Il est temps pour moi de désapprendre tout ça, pas d'oublier, juste de me souvenir comment ressentir tout ce qui doit l'être, dans la joie et la douleur parfois. RESSENTIR PLEINEMENT ET CONSCIEMMENT.
La vie met des troncs d'arbre sur notre chemin, mais c'est notre attitude face à eux qui les transforme ou non en falaise.
Nous sommes libres de partir à la recherche de nos falaises intérieures ou non.
Nous sommes libres de se transformer en alpiniste ou non.
Il y a des falaises qui sont là dès le départ et il y a celles qui apparaissent au fur et à mesure. C'est le jeu de la vie...
Alors chèr(e)s Terrien(ne)s,
Je voulais partager ça avec toi.
Pour te dire que creuser en soi vaut le coup et que les blocages ne sont pas immuables, les identifier c'est déjà les dénouer un peu.
Ensuite un pas après l'autre et tu avances, à ton rythme, mais le principal est d'avancer.
Pour t'inviter aussi à ressentir les choses dans leur entièreté, de ne pas refouler ce qui te traverse. Toute émotion à sa raison d'être .
Je te parle aussi rapidement du livre pour enfant "La couleur des émotions", qui aide l'enfant à identifier les émotions et à les ranger, pour ne pas que tout se mélange.
Je trouve que c'est aussi un très bon livre pour les grands !
Je ferai peut-être une lecture en vidéo sur mes réseaux sociaux.
Et je te parle aussi du film "La beauté cachée", qui parle notamment du deuil et qui est venu faire écho en moi dans cette prise de conscience.
Merci d'avoir pris le temps de me lire.
C'est peut-être plus brouillon que parfois, mais c'est ainsi que j'ai été guidée et j'ai confiance en cela.
Ecoutes les mots qui résonnent, laisses les autres.
La guidance est là et c'est toi qui te l'offre.
Bien à toi et au plaisir de te lire.
Luzana
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